19/08/11 Portrait Dominique EHRENGARTH

Dominique Ehrengarth, la foi du libraire

Un beau jour de septembre 1956, une racine de l'arbre à histoires de l'humanité a poussé à Strasbourg Neudorf, où la librairie-papeterie Ehrengarth transmet l'amour du livre allié aux convivialités d'une animation de quartier. Dominique Ehrengarth a grandi au milieu des livres et grandi au milieu des livres et des crayons, dans l'odeur de l'encre et du papier, avant de lever l'ancre du voyageur vers le grand large : « Je suis né sur le comptoir, j'en ai gardé un attachement physiologique à l'objet livre, le goût pour le service aux clients et pour la transmission. J'aime qu'on me raconte des histoires et j'aime recevoir les auteurs. Ce qui me fait avancer, c'est le plaisir de faire se rencontrer des gens qui, de surcroît, se racontent des histoires et aiment ça ! ». Depuis septembre 1956, la maison Ehrengarth dispense 142 route du Polygone à Neudorf les lumières subtiles d'une Europe des savoirs alors en construction dans une capitale où l'histoire s'écrit en majuscules : « Les logements étaient rares après guerre. Mes parents, employés de bureau chez Seegmuller, avaient trouvé un logement qui comportait un local commercial – un ancien magasin de sports. Alors, ils se sont lancés dans ce qu'ils savaient faire, la papeterie... » Très vite, avec l'ouverture du lycée Jean Monnet, l'activité s'étend au livre scolaire puis au livre pour la jeunesse, à la littérature dite générale, aux jeux éducatifs et aux jouets avant de s'enrichir avec l'alsatique. En 1975, répondant aux besoins croissants de la clientèle du quartier, les Ehrengarth ouvrent un second établissement dans la grande Tour au bout de l'avenue Jaurès. Les bonheurs d'un libraire Dominique Ehrengarth a grandi avec Sylvain et Sylvette, la bibliothèque rose, verte et la bibliothèque rouge et or avant d'être séduit par Flaubert et le Zola d'Au bonheur des dames. Après le baccalauréat au lycée Jean Monnet, une période de lecteur assidu de science-fiction et un BTS de comptabilité, il entre à la brasserie Kronenbourg. Les chiffres et le service de Gambrinus le déportent, au large de la librairie familiale, vers les horizons dévorants d'une géographie proprement universelle : « Du service des bilans, je passe à l'inventaire et aux immobilisations puis au service des filiales, ce qui me fait découvrir le vaste monde, du Nigéria ou de la Suisse aux emballements de New York : il m'arrivait d'être parti en voyage trois semaines par mois ! » Mais les grands chemins ramènent à la terre natale - celle où s'élabora l'invention de Gutenberg et La Nef des fous, où rôdent des fantômes littéraires encore familiers...

Michel Loetscher

Vous pouvez retrouver la suite de l'article dans l'Ami hebdo daté du 21 août 2011

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