Trois soeurs - Laura Poggioli

Laura Poggioli a vécu et étudié à Moscou. En 2018, fortement intéressée par l’affaire des trois sœurs Khatchatourian, Krestina, Angelina et Maria âgées de 17, 18 et 19 ans accusées de l’assassinat de leur père Mikhail Sergueievitch, Laura retourne dans la capitale russe pour enquêter et rendre compte de cette affaire. Confrontée à ses souvenirs, et spécialement à son ancien amour compliqué avec Mitia, Laura nous relate cette sordide affaire et met en lumière l’incroyable situation des femmes et des jeunes filles dans la Russie d’aujourd’hui.
« S’il te frappe, c’est qu’il t’aime » est un adage toujours en vigueur en Russie. Il assure à tous les hommes violents une sorte d’impunité permanente avec une complicité officieuse des autorités de police et de justice. La Douma, le parlement russe n’hésitant pas à proclamer des lois enfermant les affaires de violences aux femmes au rang de simples affaires domestiques hors du ressort légal.
Les trois sœurs subissent depuis toujours les agressions de leur père, une sorte d’ogre qui règne sur l’immeuble où elles habitent ainsi que sur sa famille d’origine arménienne, dévote le dimanche et extrêmement violente la semaine. Mikhail Khatchatourian, après avoir régulièrement et abondamment frappé son épouse pendant des années fini par la mettre à la porte pour enfin avoir une emprise totale sur ses trois filles. Elles subissent alors toutes sortes de brimades et d’agression physiques et sexuelles. Elles finissent par se liguer, en employant couteaux et marteau pour arrêter définitivement le cauchemar.
Un titre rappelant Tchekhov, une ambiance très russe, une atmosphère lourde et stupéfiante, le texte de Laura Poggioli apporte toutefois quelques éléments de fraicheur, notamment lors de ses souvenirs d’étudiante, mais aussi un espoir d’amélioration de la prise en compte de ces situations grâce aux interventions de quelques avocats et associations. La mise cause, à titre posthume, du père pour violence, viols et autres délits ayant permis aux trois sœurs un procès quelque peu éclairé en leur faveur.

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Dominique